samedi 18 mars 2017

Les visages et les corps, reconstitution

Une  jolie chevelure rousse qui accroche l'oeil.
Une épaule qui nous parle d'elle.
Un simple drap virevoltant la recouvre, pour nous donner l'illusion d'une photo instantanée, un jour de grand vent.
Elle donne l'impression de s'envoler.
La belle coiffure, en partie défaite, laisse échapper de longues mèches.
Le vent, de ses grosses mains invisibles, la soulève.
Elle nous tournait le dos et maintenant, sur la pointe des pieds, elle essaye de s'accrocher à notre regard...

Mais l'Artiste n'aime pas les « face à face », les « yeux dans les yeux ». Il a peur du regard des femmes. Ces regards qui lisent des choses que vous ne voulez pas partager.
Mais il les aime, ces femmes ! Ou plutôt leurs corps, leurs chevelures...
Il enlève les petites imperfections de la peau, les petits défauts, les petites anomalies. Il les rend lisses comme des poupées parfaites.
Il embellit ces femmes de belles coiffures sophistiquées, ornées de bijoux ou de fleurs, avec toujours le souci de mettre en valeur quelques mèches sous forme de volutes.
Il montre les possibilités ou les impossibilités des cambrures anatomiques de la femme.
Il aime donner l'illusion de la légèreté et de la douceur, par des courbures impossibles du corps.
Il montre assez de chair pour ne pas être indécent mais il l'est. Dans son obsession, dans la maîtrise de son sujet.

Son modèle, en équilibre sur la pointe des pieds, se tient d'une main contre le mur du fond.
Ses membres, raidis par le froid, douloureux par les heures de poses interminables.
Elle ne connaissait pas d'artiste aussi exigeant, à la limite de la torture - mais il paye bien...
Sa beauté la fait connaître dans le « Tout-Paris » de la nuit et des plaisirs.

Elle était choyée par ses admirateurs mais lui l'a découverte !
Sa beauté l'a envoûté et il ne voulait qu'elle !

Pour l'immortaliser, il l'a peinte. Jusqu'à la fin de sa vie.
Cathy Jaspart

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