lundi 5 juin 2017

Chronique d'une vieillesse annoncée

Le temps a laissé sur ta peau
des pustules de malheur, des routes d’inquiétude,
comme un soleil fané qui ne danserait plus à l’horizon perdu.
Tu te voûtes, tu enfouis ta joie dans les matins trop gris,
Une infinité de possibles frappe à ta porte mais tu ne les entends plus.

Les poèmes apaisent les failles mais pour combien de temps ?
Au bal du souvenir, tu as des routes bordées d’arbres où déposer tes peines,
des collines au soleil.
Mais le froid est revenu et son sillon de mort indique toujours la même issue.
Sans secours.

Tous ces visages croisés qui n’ont pas retenu tes regards
viennent parfois danser dans la nuit qui approche.
Tu les as à peine frôlés, juste ce qu’il fallait pour ne pas vivre glacée,
mais tu es restée trop loin pour entendre le murmure de leur âme.

La peur en bandoulière, tu as marché vaille que vaille,
jusqu’au bout de ton âge, en sautillant comme tu as pu
et sans trop de regrets.

Tu as ramené quelques coquillages du désert,
des souvenirs de dunes au Sahara, d’étés grecs en couleur,
des fougères créoles, des parfums de vanille et de rhum arrangé.

Tu as écrit pour tenter de cerner l’improbable,
entre rires et sanglots, à deux doigts du désastre.
Et tu as fini par éroder la peur mais tu ne l’as jamais vaincue.
Elle est là, aux portes de la vieillesse,
rôdant comme une pauvre mendiante sur les chemins de traverse.

Tu veux sentir encore l’empreinte des beautés fugaces,
et la fluidité des matins tranquilles
mais tu sais bien  qu’il faudra sentir la morsure du temps
sur ta peau qui se fripe,
sur tes joies qui se lassent
et tes rêves épuisés.

Il va falloir apprendre à vieillir.
                                                                                             C. M.

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