lundi 5 juin 2017

Ma maison au bout du monde

Elle n’aura pas peur de ses voisins de la Résidence et ne demandera qu’à les connaître.

Elle se cachera loin de la route et du bruit, au plus près de la forêt et d’un bassin où les grenouilles  chanteront à la saison des amours.

Elle aura la porte ouverte à ceux qui aiment le jardin. Pas bien grand, le jardin, mais il aura des tulipes, des tournesols et des cosmos quand l’été reviendra.

Sur la terrasse, orientée au sud, elle offrira des fauteuils pour prendre le thé ou le rosé. Elle sera ouverte aux voisins, au passant égaré et aux amis de passage.

Elle ouvrira ses yeux-lucarne aux matins tranquilles, sans le cri du réveil. Elle prendra son temps.

Elle ouvrira ses étagères aux livres que l’on prête, aux cahiers qu’on relit, aux textes qui viendront.

Elle bruissera de musiques douces qui n’empêchent pas de rêver.

Elle vivra sous le crachin breton sans se plaindre et offrira ses ciels de pluie aux photographes jamais lassés.

Elle se recroquevillera l’hiver pour mieux attendre le printemps.

Elle fera place  aux cartons-souvenirs qu’il faudra bien trier un jour.

Elle sera douillette et légère, pas trop encombrée pour laisser passer la lumière.

Elle sera refuge les soirs de tristesse où la vieillesse pèsera trop lourd.

Elle ouvrira sa chambre grise aux rêves de la dernière heure et sa chambre d’amis à ceux qui le valent bien.

Elle saura réchauffer au retour des randonnées sur les sentiers côtiers de la presqu’île.

L’air iodé rentrera et elle aura le teint frais, ma petite maison de Crozon, tout là-bas au bout du monde.
C.M



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