lundi 5 juin 2017

Rickshaw

Gaurav, tu t’appelles Gaurav, tu es vieux, mais je te trouve très beau avec ton turban blanc sur ta tête droite et fière et ton air de Gandhi avec tes petites lunettes rondes en métal.

Je suis montée dans ton rickshaw une seule et unique fois, préférant prendre des tuk-tuk motorisés. Tous les matins, tu viens nous attendre à la sortie de notre hôtel. Je ne veux plus m’asseoir derrière ton dos et voir tes jambes maigrelettes pédalant en danseuse pour nous tracter. Tes tongs d’un autre âge et ton pantalon de toile sale et troué pendant sur tes cuisses. Combien pèses-tu ? Tu as l’air  si rachitique ! Où manges-tu ? Où dors-tu ? Quelle est ta vie ?

Tous les matins, inlassablement, tu nous attends, tu lèves tes mains, les joignant vers ton visage penché gentiment ; tu nous salues (Namasté-Bonjour). Tous les matins, nous te donnons quelques roupies. Tu insistes toujours pour nous faire monter sur ton vélo. On préfère marcher. Nous te montrons nos baskets. Tu souris tout le temps, dodelinant de la tête, mais que tes yeux sont tristes !

Ici, tu m’as fait l’éloge de la patience et de la lenteur.
Ton pays où coexiste cette extrême agitation, cette extrême torpeur me fascine.
Pays où la circulation va dans tous les sens, observant des règles inventées dans un asile de fous.

Et toi, Gaurav, le vieux coolie indien, fidèle et obstiné, tu pédales, tu pédales encore et encore. C’est ta vie, ta survie.
Toi et ton obstination sympathique, à jamais dans mon cœur et ma mémoire, bien mieux qu’une photo dans l’album.
Quand tout est laid, le dirai-je ?
Quand tout est beau, ai-je les mots ?

Tanka pour Gaurav
Couleurs de l’Inde
Saveurs épicées et miel
Bruyante lenteur

Pays de lumière
Où la misère sourit

Mathurine

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